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Christian Clot

Charlie Hebdo et autres attentats : ne nous trompons pas d'accusés !


Le procès de Charlie Hebdo se poursuit dans le prétoire et dans la rue. Dans le premier, on juge ceux qui ont permis ces attentats. Dans le second, on juge Charlie d’avoir provoqué les terroristes en publiant des caricatures de Mahomet. Et de les avoir republiées au début du procès, provoquant une nouvelle menace de mort d’Al Quaïda. Coupable, Charlie, de provoquer et d’être responsable du courroux des tueurs. Pire, ils récidivent. Pourquoi ? Cette fois, ils cherchent vraiment quoi comme le dit si bien Hannouna !

Dans la bataille, on oublie quelques détails. Le premier, c’est que ne pas republier ces caricatures, décider de s’autocensurer (sur quelque chose, rappelons-le, de légal en Europe), c’est donner un blanc-seing à la violence. C’est lui donner raison. C’est accepter que, si quelqu’un n’est pas d’accord avec moi, et qu’il m’attaque, je devrai me recroqueviller, me cacher, plutôt que, lui, soit condamné. C’est donner raison à l’agresseur. C’est le même argument qui prétend qu’une fille est responsable de son viol parce que sa tenue était « provocante » et que l’agresseur, pauvre homme sans défense mentale, n’a pas pu se retenir.

C’est accepter que si un groupe n’est pas d’accord avec ce que je fais, et qu’il use de meurtre avec préméditation pour le faire savoir, il faudra supprimer la cause pour « apaiser » la situation.

Car si Charlie est en tort de son agression, de son attentat, et doit cesser ses provocations, qu’en est-il de l’agression de l’Hypercacher ? Ah oui, c’est marqué cacher. Supprimons les cacher. Que dire de l’attaque du Bataclan ? Ah oui, ils jouaient de la musique. Supprimons la musique. Que dire des attentats de Christchurch (Nouvelle-Zélande) ou d'Utøya (Norvège) ? Ah oui, les victimes pensaient que la diversité est importante. Supprimons la diversité. Que dire de la balle dans la tête de Malala (15 ans) au Pakistan ? Ah oui elle voulait aller à l’école. Supprimons l’école pour les filles. Que dire de l’attaque d’une école de jeunes filles au Kenya ? Ah oui ce sont des filles. Supprimons les filles… Car ce sont, dans chaque cas cité, les demandes des terroristes !

Il se commet entre 300 et 500 attentats chaque année dans le monde depuis 2010. Et en dehors de Charlie, aucun autre pour des caricatures ! Non. Les caricatures ne sont en rien la cause de l’agression. Tous ces attentats, sans exception, ont le même ferment : la volonté d’imposer un mode de vie, en supprimant ce qui paraît inadmissible, éducation des filles, égalité, diversité, musique, liberté d’expression ou autre. Ce ne sont dit des musulmans, ni des chrétiens ou aryens qui commentent ces actes. Ce sont des terroristes. Des criminels barbares dont le seul but est d’instiller la peur pour réduire les libertés et imposer la terreur pour gagner du pouvoir.

Nous devons cesser d’avoir peur et tourner nos regards de justices vers les agresseurs. Car condamner les victimes en pensant que cela nous protégera d’eux n’a qu’un résultat : laisser le pas suivant se faire. Hier, des caricatures. Aujourd’hui une jupe considérée comme trop courte ou un instant de liberté dans une rue de Nice. Demain une école de filles ?

Ne nous trompons pas de justice. Nous ne jugeons ni une religion et ses membres, ni les victimes. Nous jugeons des terroristes sans foi, très fiers de leurs gestes. Un point c’est tout.

A lire aussi : « Ensemble, défendons la liberté », l'appel d'une centaine de média.

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