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Christian Clot

Comment éviter le pire climatique (Les impacts de la chaleur, 5)


Les annonces et études climatiques se succèdent et sont parfois difficiles à suivre, contradictoires ou terriblement anxiogènes. De la moitié des glaciers qui vont disparaître aux canicules et incendies qui s’enchainent, des sécheresses ici aux inondations là-bas, les signaux ne peuvent plus être ignorés. Pour certains ce serait « déjà trop tard » ; d’autres attendent les prochaines technologies salvatrices ; quelques dinosaures restent climatosceptiques… Mais surtout trop de monde sombre dans la solastalgie ou la dépression face à l’ampleur de la tâche qui semble impossible. Et c’est vrai, qu’elle est énorme, cette tâche.

À titre personnel je ne sais que 4 choses :


1. Le bouleversement climatique n’est pas une hypothèse éventuelle ou un avis parmi d’autres. C’est une réalité absolue, que l’on observe au quotidien ces dernières années : toutes les études qui s’empilent et tous les signaux montrent une accélération sans précédent du bouleversement climatique. J’insiste sur ce mot : « bouleversement ». Il ne s’agit pas que d’un réchauffement, dont les effets sont déjà bien réels (50°C atteints dans plusieurs endroits du monde habité, incendies à répétition, sécheresses cumulées). Oui, le monde se réchauffe. Mais bien d’autres phénomènes climatiques évoluent : augmentation des tempêtes, modification des courants aériens et marins, précipitations diluviennes sont aussi en grave augmentation. Ce bouleversement climatique, soutenu par la plastification des océans et des sols, les pollutions chimiques et la chute de la biodiversité, va avoir des impacts sur l’ensemble des environnements et conditions de vie dans le monde, de la Mongolie à l’Australie, de la France à l’Afrique du Sud… Oui, c’est énorme ! Mais ce n’est pas inéluctable.


2. En dehors de ce que nous observons in situ et en temps réel -et malheureusement je peux témoigner d’en avoir vu beaucoup-, les projections futures sont basées sur des modèles. Aucun n’est parfait. Les choses peuvent être pire que prévu c’est vrai. Elles peuvent aussi l’être moins. Elles ne sont cependant pas encore arrivées pour beaucoup d’entre elles. Mais elles surviendront si rien n’est fait. Ergo, elles sont aussi évolutives. Et, si nous avons beaucoup détruit, nous pouvons aussi modifier le cours des choses. C’est ce défi que nous devons relever ensemble. ENSEMBLE. Pas les uns contre les autres, les jeunes passionnés contre les vieux « boomers » ou les citoyens contre les entreprises et le gouvernement. Ensemble parce que le défi est énorme, insoluble par une seule entité ni même un seul pays. Et que, OUI, nous y avons toutes et tous un rôle !


3. Croire que parce que l’urgence existe nous devons agir avec précipitation est une immense erreur. Comme en cas d’intervention sur un accident, notre premier but doit être d’éviter le suraccident. Il faut être certain de savoir sur quoi et comment agir, et les quelques secondes prises pour observer la situation sont toujours bénéfiques. Il en va de même pour ce que nous vivons. Penser que la géoingénieurie est une bonne idée ou que construire un peu différemment et remplacer le pétrole par le lithium doit être mis en œuvre sans réflexion en raison de cette urgence risque de nous mettre dans une situation exactement similaire dans vingt ans. Ce sont des paradigmes humains et sociétaux qui doivent être pensés. Mais il est vrai que c’est un peu plus long et engagé que de concevoir un moteur et moins exemplaire visuellement…


4. Mais le plus important reste que, à ce jour, nous sommes toujours en vie. Nous sommes donc encore aptes à agir et tant que cela est vrai, il faut le faire. Ni le pessimisme qui ne génère pas d’action, ni l’optimisme démesuré qui attend les solutions miracles ne servent à grand-chose. Le réalisme est tout ce qu’il nous reste. Et là il n’y a aucun doute, il faut agir !


C’est notre rôle. Bien entendu, une personne seule ne résoudra rien. Mais personne ne doit pour autant rester les bras croisés. Car ici, maintenant, chaque bras, chaque idée, chaque neurone compte. Nous devons agir à NOTRE ÉCHELLE. À mon échelle, je peux acheter moins de vêtements, manger plus responsable, monter les escaliers plutôt que les escalators et autre. Pas forcément tout faire, ni tout faire parfaitement. Mais faire au moins une chose, puis une autre... Le, la conseiller.ière régional peut agir à l’échelle de son territoire ; les personnes en charge d’une entreprise peuvent en modifier son fonctionnement là où un ministre doit agir sur son mandat social. Question d’échelle. Mais chaque barreau compte ! Les leviers à notre disposition sont réels. Nous devons les utiliser.


Car il n’est que l’exemplarité qui donne envie à d’autres d’agir. Oui, beaucoup en manque, et souvent parmi les représentants les plus connus de nos sociétés. J’ai envie de dire, et alors ? Dois-je vraiment attendre que les autres fassent les choses pour les faire à mon échelle ? Regarder les manques ailleurs pour justifier mon inaction ici ? Alors oui, c’est difficile. Parfois décourageant. Mais toutes nos études montrent une chose : l’acte aide. Il aide la planète, à son échelle. Il aide à sa propre motivation, à redonner à nos cerveaux meurtris un sens. Il aide les autres à y croire. Et je suis persuadé que si les décideurs voient le monde agir… Ils n’auront de choix que d’agir aussi.


Il ne se passe pas rien. Loin de là. Pendant que la Norvège décide d’augmenter ses puits de pétrole, le Canada met fin aux subventions aux combustibles fossiles. Alors que des restaurants français continuent de servir du requin d’une espèce menacée, un groupe aux USA vient de gagner un procès contre l’État du Montana qui enfreint leur droit constitutionnel à un « environnement propre et sain».


Alors plutôt que de continuer à lire cet article, éteignez votre téléphone et tout ce qui attire votre attention, asseyez-vous tranquillement, et prenez le temps de vous poser tranquillement la question : quelle sera ma prochaine action pour aider le futur ? Et une fois décidée, levez-vous. Et faites-le !


Car oui, la chaleur tue, le climat se dérègle, l’énergie manquera. La question est de savoir à quelle intensité. Et ça, en fait, ce n’est que NOTRE DÉCISION.

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