Un humain, un professeur, est mort pour avoir enseigné la notion d’expression et de liberté au travers d’un débat. Il a montré de nombreuses caricatures dont, entre autres, celles dites de Mahomet du Danemark republiées en 2015 (et récemment) par Charlie Hebdo. Il est mort d’un adolescent de 18 ans qui s’est sauvagement attaqué à lui avec un couteau, c’est vrai. Et son geste n’a aucune excuse en soi. Mais il n’est pas mort que d’un couteau. Il
st mort de l’ignorance d’un père qui sans avoir été présent, sur le récit de sa fille elle aussi absente, a accusé sans recul cet homme de pornographie et d’anti-islam. Il est mort de cette immédiateté qui ne prend plus le temps du recul, en diffusant sa vidéo appelant à la haine et à des représailles contre l’enseignant en ligne (d’autres allant ensuite jusqu’à diffuser son adresse, son emploi du temps et son téléphone), de cette possibilité qu’autorisent les réseaux plus prompts à effacer un sein découvert qu’un message de haine. Il est mort d’un activisme puissant de quelques groupuscules que l’on refuse encore de voir, qui sautent sur la moindre occasion de s’attaquer à la laïcité et à ceux qui seraient, selon eux, anti-islam, soit tous ceux qui prônent la liberté d’expression comme M. Sefrioui -selon lui représentant du Congrès des Imams de France (démentis par ce dernier) mais surtout militant islamiste bien connu-, qui s’est précipité pour « conseiller » ce père dans sa démarche l’a faisant passer d’une indignation personnelle à une croisade sainte contre les laïcs ; pendant que d’autres, depuis quelques années, dirigeaient un jeune adolescent mineur -dont on connait la capacité d’indignation et de manque de recul propre à tout adolescent, et plus encore lorsqu’on a eu une enfance ballotée de guerre en peur- vers un couteau si facile à se procurer. Il est mort aussi de celles et ceux qui s’attaquent plus à la diffusion de caricatures, qu’aux personnes qui utilisent des armes pour imposer leur silence comme je l’écrivais il y a quelques jours au sujet de Charlie (voir ici)
Un humain, un enseignant, est mort pour avoir enseigné la liberté. Nous n’avons qu’un hommage à lui rendre : poursuivre son travail. Enseigner, plus et encore. Encore et plus. Avec courage, abnégation, humanisme. La seule chose qui fera gagner le terrorisme, c’est d’accepter de restreindre nos libertés par peur de ce type de représailles, et il y aura alors toujours de nouvelles libertés à restreindre ; ou surréagir par une violence encore plus grande, comme un éléphant qui se met à charger parce qu’une mouche l’embête trop longtemps. C’est cela, le but du terrorisme : nous imposer des idées. Alors oui : enseigner. Savoir et liberté ! Car ce crime est d’abord, avant tout, celui de l’ignorance. Et aucune balle n’a jamais tué une idée.
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