[Fr, english below] En attaquant intellectuellement et physiquement l’Iran, les USA sont en train de créer le lit d’une situation incontrôlable mondialement. Iran et USA n’ont jamais été amis depuis l’arrivée au pouvoir des ayatollahs. Et le propos ici n’est pas de défendre leur régime. Mais de comprendre pourquoi depuis quelques mois, les USA ont décidé de s’en prendre plus durement que jamais à ce pays, sans aucune raison apparente. En rompant le pacte nucléaire de manière unilatérale, alors que le propre renseignement américain considère qu’il était respecté en tout point par les Iraniens, Trump a ouvert la boite de Pandore. Dans tous les médias qui parle d’escalade entre Iran et USA, ce petit détail est oublié : rompre le pacte n’avait aucune raison d’être. Imaginez juste un instant : vous faites tout ce qui vous est demandé, vous essayez au mieux de respecter les règles, et l’on vient quand même vous taper sur les doigts et vous sanctionner ! Certains pensent peut-être que cela permet de mieux dresser un animal. Mais cela risque surtout de créer une telle rancœur qu’il sera un jour, à force de brimade, prêt à tout. On a créé des kamikazes pour moins que cela. Car les sanctions américaines pour ces « transgressions » imaginaires sont, elles, bien réelles. L’ensemble de la population est touché, de manière extrêmement dure. Je reçois régulièrement des appels à l’aide de personnes qui vivaient convenablement et ne peuvent aujourd’hui plus nourrir leurs familles. Si en effet l’Iran compte des fanatiques extrémistes, dont les gardiens de la révolution, il compte bien plus de modérés qui aspirent à vivre tranquillement. C’est ce qu’ils voulaient en élisant Rohani, en signant les accords, en s’enivrant de l’espoir de la fin des sanctions. Les voilà dégrisés. Car modérés oui, mais profondément attaché à leur pays, leur culture millénaire, leur poète, leur fierté, leur rêve. Voilà que d’un papier déchiré par un autre extrémiste sans barbe, mais à la chevelure blonde, tout s’écroule.
Pourtant, ils n’ont pas bougé. Ils ont espéré que les autres, Europes, Chine, avec qui les accords tenaient bon, allaient les soutenir. Espoir encore déçu. Par peur des sanctions en dollars, les entreprises européennes sont parties. Les vols directs annulés. Le chômage et la misère ont étendu leur sombre main.
Pourtant, ils n’ont pas bougé. C’était sans compter sur le besoin faire plier l’Iran jusqu’au bout. Pour affirmer l’autorité d’un Président qui n’existe que par la force ; pour donner un blanc-seing de plus à Netanyahou -après l’ambassade à Jérusalem, le « don » du plateau du Golan et l’étranglement économique de la Palestine-, que la justice de son pays propre a mis officiellement en accusation et qui a du convoqué des élections en septembre de n’avoir pas réussi à créer un gouvernement ; pour laisser champs libre sur le marché du pétrole à l’Arabie Saoudite, le grand ami du monde dont le régime est pourtant bien plus dur que celui de Téhéran. Oui, ces trois-là ont besoin d’une victoire éclatante contre le Satan iranien pour exister !
Alors des pétroliers attaqués dans le détroit d’Ormuz, pour lesquels seul Trump à des preuves alors que l’ensemble des autres acteurs, à commencer par les commandants des deux navires, donnent une autre version des attaques… Et le jeu du bouton rouge « 10 minutes avant, j’ai donné l’ordre d’arrêter », explique Trump. Merci oh grand magnanime… qui sait très bien jouer, il faut l’admettre, au chat et à la souris pour se donner des grands aires de justicier.
Et voilà les sanctions supplémentaires. À ce jeu de dupes les véritables victimes, le peuple d’Iran, se fatigue. Il a faim. Il a peur. Il est en train de perdre espoir. Il est une bête traquée qui ne comprend pas pourquoi on se joue d’elle ainsi. Mais cette bête n’est pas un pauvre ère sans défense. Si la fuite n’est plus à son tour un espoir, il ne lui restera que la mort dans l’honneur. Un honneur chevillé au cœur des Iraniens. Si elle s’arrête de fuir et se retourne pour se défendre, elle le fera aveuglément : et le monde sombrera.
Est-ce vraiment ce que nous voulons en laissant Trump et ses faucons diriger le monde ?
Ce post n’est pas contre les Américains et pour l’Iran. Il est un constat d’une réalité actuelle qui oppose les peuples dans un système qui avait pourtant trouvé un équilibre. Et dont personne ne sortira gagnant en dehors des quelques dictateurs en question.
[enf] By attacking Iran intellectually and physically, the US is creating the bed of an uncontrollable situation worldwide. Iran and USA have never been friends since the Ayatollahs came to power. And the point here is not to defend their regime. But to understand why for a few months, the US has decided to take it harder than ever to this country, for no apparent reason. By breaking the nuclear pact unilaterally, while the US intelligence considers that it was respected in every aspect by the Iranians, Trump opened the Pandora's box. Imagine just a moment: you do everything you are asked, you try at best to respect the rules, and we still come to your fingers and punish you! Some people may think it helps to train an animal better. But this is especially likely to create such resentment that it will be a day = ready for anything. We created kamikazes for less than that. Because the American sanctions for these imaginary "transgressions" are, they, very real. The whole population is affected, extremely hard. I regularly receive calls for help from people who were living well and can no longer feed their families. If indeed Iran has extremist fanatics, including the guardians of the revolution, there are many more moderates who aspire to live quietly. That's what they wanted by electing Rohani, signing agreements, getting drunk with the hope of ending sanctions. Here they are sobered. For moderate yes, but deeply attached to their country, their millennial culture, their poet, their pride, their dream. Now, everything collapses. But they did not move. They hoped that the others, Europe, China, with whom the agreements were good, would support them. Hope still disappointed. For fear of sanctions in dollars, European companies are gone. Direct flights canceled. Unemployment and misery have extended their dark hand. Yet, they did not move. It was without counting on the need to bend Iran to the end. To assert the authority of a President who exists only by force; to give Netanyahu another blank check - after the embassy in Jerusalem, the "gift" of the Golan Heights and the economic strangulation of Palestine - that the justice of his own country has formally put in charge and which convened elections in September for failing to create a government; to leave the oil market open to Saudi Arabia, the great friend of the world whose regime is much harder than that of Tehran. Yes, these three need a dazzling victory against the Iranian Satan to exist! So tankers attacked in the Strait of Hormuz, for which only Trump has evidence while all the other actors, starting with the commanders of the two ships, give another version of the attacks ... And the game of the red button " 10 minutes before, I gave the order to stop, "says Trump. Thank you oh great magnanimous ... who knows very well play, it must be admitted, the cat and the mouse. And here are the additional penalties. At this game of fools the real victims, the people of Iran, get tired. He is hungry. He is afraid. He is losing hope. He is a hunted beast who does not understand why we play it so. But this beast is not a poor helpless era. If flight is no longer a hope, all that remains is death in honor. An honor pegged in the heart of the Iranians. If she stops fleeing and turns around to defend herself, she will do it blindly: and the world will sink. Is this really what we want by letting Trump and his hawks rule the world? This post is not against the Americans and for Iran. It is a statement of a current reality that opposes peoples in a system that had yet found a balance. And no one will win out of the few dictators in question.
Je terminerai ce post par une anecdote. Pour entrer en Iran aujourd’hui, je prend l’avion, j’arrive à Téhéran, je montre mon passeport, et j’entre. Pour entrer au USA, je dois demander un Esta préalable. S’il m’est refusé -45% des demandes françaises, je dois demander un visa qui implique l’acceptation d’en finir définitivement avec ma vie privée puisque je dois donner mes mots de passe mail, Facebook, et autres réseaux. Si je l’accepte, dans la file d’attente de l’avion, je devrai répondre à des questions du type « que faisait votre grand-mère comme métier ». Arrivé à la douane américaine de l’aéroport, je sais que le douanier à un pouvoir absolu sur moi.
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