Ce que nous vivons est, pour beaucoup, nouveau. Ces territoires qui sont les nôtres, nos villes, campagnes, se sont soudain transformés, vidés d’humains, devenus presque hostiles d’un virus qui rode sans le comprendre. Notre avenir, que nous projetions il y a encore quelques mois, ne pourra être le même. Et nous ne savons pas exactement ce qu’il sera. Dans ce contexte, nous devons toutes et tous retrouver nos âmes d’exploratrices, d’explorateurs, celles qui nous permettent, bébé, de partir en quête du monde ; qui nous permettent de continuer de penser l’avenir sans toujours lui accorder l’attention que nous devrions. Cet explorateur qui sommeille en nous, il est temps de le réveiller, pour que nous regardions demain avec l’envie d’en faire un nouveau monde. Un état d’esprit plus qu’un état de faire. Dans les semaines à venir je vous partagerai chaque jour ce que je pense être les états d’esprits nécessaires pour rendre demain possible. En préambule, je ne le fais pas souvent, mais j’ai envie de vous partager la conclusion de mon dernier livre « explorer demain » (Robert Laffont, novembre 2019) qui questionne justement cette capacité d’exploration dans un monde en profonde mutation.
« Nous voici donc, humains, face à nos choix. Ceux que nous ferons détermineront l’avenir de notre planète et des civilisations. J’ai voulu revisiter ce que signifie explorer, cette aptitude qui nous a permis de cheminer depuis la nuit des temps jusqu’à aujourd’hui et qui doit nous conduire vers demain. Une exploration qui n’est pas dans la conquête, mais dans la capacité d’imaginer des territoires, des galaxies, dont les contours sont encore inconnus et pourtant bien réels. Dans l’immense bouleversement que nous vivons, il ne reste que lui, cet imaginaire, pour fonder ce demain qui n’est pas encore tangible. Sa puissance est infinie.
Parmi tout ce que j’ai lu, discuté, écouté, je ne suis sûr que d’une seule chose qui puisse laisser s’épanouir nos imaginaires : nous allons devoir quitter la peur. Cette peur paralysante qui nous tétanise, parce que nous avons voulu tuer le risque tout en considérant chaque pas comme un danger. Oui, nous nous tromperons peut-être. Mais nous réussirons sûrement parce que nous aurons essayé. Cette peur, il ne faut pas l’éliminer mais s’en faire une amie qui va nous aider à déjouer les pièges du chemin. Demain est une certitude. Qu’elle soit le tombeau de nos angoisses ou l’atelier de nos rêves est notre choix.
Nous ne sommes pas démunis de quelques outils : ouverture, écoute, vigilance, curiosité, courage, respect… Et autant de faiblesses. Nous ne serons jamais des machines que certains voudraient faire de nous en réduisant notre cerveau à des algorithmes, de simples systèmes calculateurs que l’on pourrait entièrement décrypter. Et heureusement ! Parce que nous ne sommes jamais aussi bons que dans le foisonnement désordonné de nos émotions. Parce que je pleure et je ris, que mon cœur se tord de douleur ou s’extasie de bonheur, je suis cet humain imparfait qui, pour une once d’espoir, est capable de déplacer des montagnes.
Lorsque nous nous autorisons à écouter nos émotions, nous recommençons à rêver. À regarder l’horizon et à nous demander ce qu’il y a au-delà. Nous en avons besoin. Dans notre chair, dans nos tripes, dans nos cœurs. Parce que le souffle de la passion transporte l’avenir bien plus que celui de l’abandon.
C’est ce que nous ne devons jamais oublier : nous sommes, toutes et tous, les explorateurs de nos vies. À nous de décider ce que nous en ferons… »
Christian Clot
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