Que sortira-t-il des urnes ces deux prochains dimanches ? En matière de résultat électoral, je n’en sais rien, je ne suis ni sondeur ni devin et tout semble pouvoir arriver. En matière sociale et du vivre ensemble en revanche, tout le monde en sort perdant.
Depuis un mois que je suis de près la campagne au travers de médias nationaux et internationaux, des réseaux sociaux et de débats, je m’enfonce de plus en plus dans la stupeur argumentaire des uns et des autres. La violence des propos, les invectives permanentes, l’incapacité à écouter les autres, quoi qu’ils disent, les « points Godwin » systématiques, pour la moindre question qui pourrait remettre en cause son candidat et autres fenêtres d’overtone, ont presque réussit à me faire perdre foi en ce que je crois au plus profond de moi, à savoir que la coopération est la source de toute solution.
D’aucuns parlent d’américanisation de la société ou de jeu de l’extrême droite tout en alimentant l’intransigeance qui crée l’un et l’autre. Obama écrivait que l’Amérique avait sombré en 1999, date à partir de laquelle plus un Républicain n’a voté un texte Démocrate et vice versa. Quel que soit la teneur ou l’intelligence du texte, il est systématiquement attaqué par le partit adverse. Je crains que 2022 puisse être notre date en France au regard de l’impossibilité de discussions qui a conduit la campagne législative.
Je n’ai pas souvent été totalement désarçonné dans ma vie. Dans mes chutes, mes revers, j’ai toujours opposé la persévérance par les actes, une « lutte » parfois têtue, mais constructive. Seuls quelques évènements, liés à ma vie personnelle, ont pu me plonger dans la désorientation, de celle qui fait perdre chaque repère.
Et aujourd’hui… Aujourd’hui, car j’ai l’impression de n’avoir plus de compagnon de lutte. Parce que mon obsessionnelle volonté d’un optimisme réaliste se creuse ces dernières semaines d’un vide pessimiste que j’exècre. Parce qu’au besoin premier, fondamental, de défense de l’environnement, de protection sociale et de valorisation de l’éducation s’est substitué un jeu politique de glorification. Tout en hurlant à coup de tweet en majuscule de voter pour les idées, pas pour l’homme, ce sont bien des hommes qui sont devenus le prisme de ces débats (et j’insiste sur le mot « homme » tant ils ont pris de place, laissant quelques femmes courir derrière ou assise au bord du chemin comme l’a bien montré le débat sur France 2).
Comment pourrais-je voter pour la Nupes, dont le programme est bien sûr alléchant (comment ne pas se sentir attiré par les Bullet points qui circulent déroulant un programme valorisant les salaires, les démunis, l’environnement, les femmes) alors que des points cruciaux, fondamentaux comme l’Europe, l’OTAN, l’ONU, l’OMS nos rapports avec la Chine, la Russie ou le Venezuela sont balayés d’un « votez, nous verrons après » ? Alors que l’on connait les positions de longue date de leur leader sur ces sujets, dont il ne faudrait donc pas se préoccuper avant de voter ? À l’heure de problèmes mondiaux et d’un besoin fort de gouvernance mondiale, et aux moins européennes, sur les sujets de l’écologie et de la pauvreté qu’aucun pays ne résoudra seul, ce vide est édifiant sinon inquiétant dans ce vers quoi il peut conduire.
Comment pourrais-je voter pour le parti présidentiel, dont l’aura internationale et la compréhension du besoin géopolitique est bien réelle, qui peut rassurer par sa continuité suite à la gestion de la crise -incomprise par beaucoup, mais qui a permis à la France d’être l’un des seuls 5 pays au monde à préserver les salaires -, quand les actes ne semblent pas en accord avec les appels du peuple sur des « détails » comme l’environnement, l’éducation ou la santé et qui n’a pas su offrir, après sa réélection, l’allant d’espoir nécessaire pour donner l’impulsion à l’envie de construire un futur écologique global ?
Comment voter pour un autre candidat dont j’ai découvert l’existence lors de la réception des professions de foi ? (j’ai au moins une certitude, ouf, je ne voterai jamais pour les candidats d’extrême droite)
Comment accepter que toute idée de nuances, de propos argumentés, de volonté commune, soit déchirée d’un violent poste en 256 signes ou d’un petit GIF nauséabond qui, plutôt que de montrer l’intelligence de son auteur ne montre que son intransigeance
Si la nature m’a pourtant appris quelque chose, c’est qu’elle est nuance, équilibre, coopération et circulaire. Rien ne peut fonctionner sans ces notions. Rien.
Alors, votez pour qui vous voulez, passons ces élections, puis faisons l’effort d’infirmer mes propos du jour par une volonté réelle d’écoute, de compréhension, de collectif.
(PS : et comme je suis encore indécis, petit jeu, le ou la première qui m’insulte, invalide mes propos sans arguments étayés, référencés, ou par un bon petit point G, d’Overtone ou un gif me fera voter pour son adversaire.)
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